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MONDES SONORES – Écoutez les sons du vivant
La diversité remarquable des formes et des couleurs du vivant a contribué à façonner nos imaginaires et nos arts. Ses chants ont aussi inspiré nos compositions musicales, pourtant, notre biais de primates visuels nous rend généralement moins sensibles à la richesse des mondes sonores qui nous entourent. En s’immergeant dans les partitions du vivant, ce numéro propose de prêter attention aux échanges de vibrations et de sons – intra- mais aussi interspécifiques – pour communiquer, se partager des territoires, se reproduire… De là, pourrions-nous imaginer d’autres modalités de communication avec les vivants, pour mieux nous entendre ?
Retrouvez, au fil du sommaire, les sons qui traversent ce numéro.
LE GRAND ORCHESTRE DES ANIMAUX
- couverture intérieure
« Ainsi s’accorde le grand orchestre animal, révélateur de l’harmonie acoustique de la nature, l’expression profondément articulée de ses sons et de ses rythmes. C’est la base de ce que nous entendons dans les régions encore sauvages aujourd’hui et il est probable que tous les morceaux de musique qui nous procurent du plaisir et toutes les paroles que nous prononçons procèdent, dans une certaine mesure, de cette voix collective. Il fut un temps où il n’y avait pas d’autre source d’inspiration pour l’oreille. »
Bernie Krause, Le Grand Orchestre des Animaux, Fondation Cartier pour l’art contemporain
LES PARTITIONS DU VIVANT, ENTRETIEN AVEC VINCIANE DESPRET, PAR ANNE DE MALLERAY ET JOSHUA DE PAIVA
- Page 6
« On pourrait penser que le chant territorial a principalement une fonction répulsive, « de mise à distance ». Or on constate que lorsqu’un oiseau arrive quelque part et se met à chanter, les autres arrivent. En fait, les oiseaux cherchent à s’installer les uns à côté des autres. Le chant territorial, en ce sens, fabrique des voisins. »
JAM SESSIONS, PAR TOMAS SARACENO
- Page 14
« Les araignées jouent ensemble une symphonie complexe, et lorsqu’elles pincent une corde, les vibrations se propagent à travers toutes les autres… Lorsque nous serons prêts à nous accorder en tant qu’espèce, alors la terre résonnera. »
LE SILENCE DE L’ARAIGNÉE,
PAR JOSHUA DE PAIVA, ALLY BISSHOP ET ROLAND MÜHLETHALER
- Page 21
« […] C’est sans aucun doute la première fois que nous écoutons une araignée, et que nous avons un accès, médié et provisoire, à son monde de vibrations, son Umwelt autrement inaccessible. »
L’APPEL, PAR FRANÇOIS SARANO
- Page 32
« Sous mes palmes, des kilomètres vertigineux, l’inconnu. Dans l’uniformité bleue qui me baigne, mes yeux ne distinguent rien. Un seul sens me relie au réel : l’ouïe. Il prend la place de tous les autres, je lui consacre toute mon attention. »
SIFFLER AVEC LES AIGLES, PAR JULIEN MEYER
- Page 34
« Au début de la chasse, les Aigles font d’abord silence, puis tentent d’initier un dialogue avec les animaux qui se manifestent déjà dans le paysage sonore et prennent souvent la direction de la zone la plus riche en appels. Ils sifflent aussi entre eux pour se localiser et échanger quelques instructions simples. »
- Parole sifflée
- Flûte "parlante"
- Imitation du chant du toucan à bec rouge ('ramphastos tucanus')
- Syllabes
- Feuille
- Imitation du chant du troco étoilé
- Femelle
- Mâle
- Duo
SOUFFLER N’EST PAS JOUER, PAR CLAUDE D’ANTHENAISE
- Page 40
« À première vue, la présence d’une collection d’appeaux n’a rien de surprenant dans un musée de la Chasse et de la Nature. Mais ici, un doute demeure sur la présence de ces pièges. À quelles proies sont-ils destinés ? »
EXPLORER L’INOUÏ, PAR LE COLLECTIF NIGHTOWL
- Page 42
« Au fil de ses “minuscules explorations”, Knud Viktor développe secrètement un art capable d’intensifier ce qui importe aux êtres vivants dont il décrit les aventures. Un art qui, par l’expérience auditive, cherche à “amplifier l’animation du monde”. »
- Entretien avec Knud Viktor
-
Images
© Knud Viktor – Images LP – L’Oiseau Musicien, 1972, France
-
Les Éphémères
© Knud Viktor Les Éphémères. Released in cooperation with Allo la Terre and The Museum of Contemporary Art, Roskilde, Denmark
Retrouvez la discographie de Knud Viktor sur bandcamp.
BULLE = SARCELLE, RENCONTRE AVEC QUENTIN HALLET, PAR ANNE DE MALLERAY
- Page 50
« Bulle = sarcelle, bille = pouillot, ruisseau = rougegorge, caillou = gros-bec. À la manière d’un bruiteur en studio, qui invente des « trucs » pour s’approcher au plus près du son qu’il cherche à imiter, il nous faut trouver des moyens mnémotechniques pour recréer en nous des chemins d’accès au chant animal. »
La sarcelle d’hiver :
Le pouillot véloce :
Le rougegorge familier :
Le gros-bec :
Retrouvez les sons de milliers d’espèces sur le site oiseaux.net
BRÈVE HISTOIRE DES SIFFLETS ZOOMORPHES,
PAR ÉDOUARD DE LAUBRIE
- Page 52
« Chevaux, oiseaux, poissons, chiens… Les sifflets à eau étaient des jeux pour enfants très répandus, mais aussi des objets rituels utilisés lors de fêtes profanes ou religieuses. Certains ressemblent beaucoup aux appeaux zoomorphes utilisés par les chasseurs, lesquels nécessitent un savoir-faire particulier pour imiter le son de l’animal. »
LA FORME D’UN CRI, PAR BAPTISTE MORIZOT
- Page 56
« La grande originalité du chant de loup, pour comprendre sa manière d’alien familier de faire sens, c’est qu’il est chanté sans destinataire précis, il est chanté à l’aveugle, il est chanté pour tous : il est chanté sans savoir qui va l’entendre. Imaginez ce que devient la parole lorsqu’elle n’est pas destinée. Imaginez que vous hurlez dans la nuit sans savoir qui entend. »
Illustrations de l’article, Cadine Navarro, Voices on paper
TIERSTIMMENARCHIV, ENTRETIEN AVEC KARL-HEINZ FROMMOLT,
PAR JOSHUA DE PAIVA
- Page 68
« J’éprouve une forme de gêne ou d’inconfort lorsque j’entends un son que je ne connais pas — j’ai envie de savoir qui appelle ici. […] Il arrive d’observer des renards. Mais si vous connaissez leur cri, vous réalisez qu’il y en a autour de vous beaucoup plus que vous ne l’imaginiez. »
Rossignol Philomèle (Luscinia Megarhynchos)
Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus Nathusii)
Abeille Européenne (Apis Mellifera)
Gorgebleue à miroir (Luscinia Svecica)
Rossignol Progné (Luscinia Luscinia)
Loup (Canis Lupus)
Chevreuil (Capreolus Capreolus)
Araignée-Loup (Hygrolycosa Rubrofasciata)
QUELLE VOIX DANS UN SI PETIT CORPS, PAR BASTIEN GALLET
- Page 76
« Humains et oiseaux chanteurs ont cohabité pendant d’assez longues périodes pour avoir eu le temps de s’écouter et de se ressembler. La musique que nous reconnaissons dans leur chant est le fait d’un partage ancien, le fruit d’une coévolution sonore qui nous a à la fois rapprochés et différenciés. »
François-Bernard Mâche, Sopiana, 1982
David Rothenberg, Nightingales in Berlin, 2018
CODEX AMPHIBIA, ENTRETIEN AVEC ANTOINE FOUQUET ET THOMAS TILLY, PAR ANNE DE MALLERAY
- Page 86
« Pendant quelques heures, des centaines de milliers de grenouilles, attirées par un faisceau de signaux encore mystérieux, se regroupent dans la même mare pour une orgie sexuelle frénétique sous une pluie diluvienne. »
LE LIEU DU SILENCE, RENCONTRE AVEC JÉRÔME SUEUR, PAR SARAH IRION
- Page 92
« Jura, 1 200 mètres d’altitude, forêt du Risoux. Au milieu des futaies d’épicéas, des boîtiers vert foncé […] enregistrent la vie sonore de cette forêt tempérée. Grâce aux microphones placés dans des lieux difficiles d’exploration […] les enregistrements sonores révèlent des présences animales autrement invisibles. »
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