Drôle d'association entre deux auteurs que, de prime abord, tout sépare.
Tous les ans, nous nous retrouvons à un festival gratuit en Haute-Savoie. Lors d’un retour en train, Fred, avec qui je suis ami depuis de nombreuses années, me demande si je n’ai pas une idée de scénario pour une histoire courte que lui commande le magazine AAARG ! [il y en aura deux en tout]. Comme je portais en moi depuis longtemps de nombreuses idées de scénarios de SF sans pour autant trouver de quoi les réunir, je lui en parle et on s’aperçoit qu’elles sont proches des siennes. Plus rien ne s’opposait alors à ce que l’on travaille ensemble sur un récit d’anticipation. Fred tenait à cette collaboration car il me savait capable de lui proposer des personnages qui auraient de la chair et de la consistance. J’ai donc écrit cette histoire courte sans savoir qu’elle allait déboucher sur un album plus tard. Après sa parution dans AAARG !, nous avons tout de suite émis l’envie de continuer à travailler ensemble. Quand les choses se font naturellement, c’est bon signe.
Qu'aimez-vous chez lui ?
C’est un auteur très logique, très exigeant et, bien entendu, un très grand dessinateur. Fred a été précieux pour répondre à de nombreuses questions que posait mon scénario et que je n’arrivais pas à résoudre. Me vient comme exemple cette plateforme antigravitation qui permet aux personnages de se déplacer facilement d’un lieu à un autre. Agathe, sa compagne, a aussi été d’une grande aide pour que notre association fonctionne à merveille.
Cet album vous permet de passer pas mal de messages...
Nous parlons des angoisses liées à notre époque. Là, cela passe par de la science-fiction. Le plus compliqué dans une telle association est de savoir bien combiner notre vécu, comment raconter quelque chose qu’aucun des deux n’a encore fait et, enfin, comment ne pas tomber dans la facilité. Pour le reste, nous avons tous deux l’expérience pour raconter une histoire en bande dessinée...
Vu qu'il est question d'un récit de SF, vous vous dites que vous pouvez tout vous permettre au niveau du scénario ?
Je suis parti du principe que tout doit être vrai. Fred a cette capacité de faire vivre ses personnages dès les crayonnés. J’ai ensuite ajouté des passages ou des dialogues, une fois la découverte de ses personnages dessinés. Le robot, je l’ai par exemple beaucoup développé une fois qu’il m’a envoyé les premières esquisses.
Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Nous avons beaucoup discuté en amont, puis je lui ai envoyé une proposition de scénario qui nous a servi de base de travail. Cela nous a permis de peaufiner des détails, d’enlever ou d’ajouter des scènes. Une fois notre scénario abouti, nous sommes allés voir Olivier Jalabert chez Glénat pour lui proposer le projet. Dans la foulée, nous avons signé notre contrat.
Comment éviter les clichés du genre ?
Compliqué ! Cela dit, ce n’est pas parce que l’on va traiter de sujets déjà fort exploités en SF, comme l’immortalité, qu’on ne peut pas apporter sa touche personnelle. Il est toujours possible, quel que soit l’histoire ou le moyen d’expression, d’apporter sa propre vibration. Fred est quelqu’un qui connaît très bien les thèmes récurrents de la science-fiction et cela nous a aidés pour faire en sorte de proposer une histoire la plus originale possible.