La ballade magique de Baumerire, : Le regard d'Anne et Loïc

Loïc, Anne, pouvez-vous nous dire d’où est partie cette histoire ?

Anne : Nous étions tous les deux à un moment de blocage créatif. J’ai eu envie de développer un nouvel album jeunesse, pour relancer la machine. Pourtant, en réfléchissant à la 
thématique que je souhaitais aborder, ce fut une évidence pour moi qu’il fallait que ce soit Loïc qui l’écrive. En effet, le sujet du livre est calqué sur un adage qui le guide dans sa vie quotidienne, à savoir qu’il vaut mieux diviser une énorme tâche en plusieurs petites étapes plutôt que de s’attaquer à une montagne infranchissable.

Loïc : Le tout était ensuite d’aborder ce thème, dans un environnement graphique qui stimule suffisamment Anne. Jolis paysages, ciels colorés, animaux loufoques et mignons, m’ont semblé 
une bonne piste…

Anne, ce qui t’a inspiré en premier lieu ce sont plutôt les personnages ou leur cadre de vie ?

J'ai tout de suite eu une ambiance générale en tête pour le village principal, quelque chose de forestier avec une touche de médiéval. Je voulais des intérieurs foisonnants et réconfortants, et 
des décors où la nature aurait la part belle. Un peu comme chez les Hobbits ! Pour les personnages, l'anthropomorphisme est vraiment quelque chose que j'adore, j'ai donc pris beaucoup de plaisir à développer les habitants de Baumerire, avec leur bizarrerie mignonne.

En matière de récits, ce qu'on aime particulièrement chez toi, Loïc, c'est ce mélange de poésie et d'humour. Il semble qu’il y ait des clins d’œil pour tous les lecteurs… à commencer par le titre. C'est essentiel pour toi ce double discours ?

J’ai envie de faire des livres avec lesquels les lecteurs pourront grandir et vieillir, sans les renier. J’aime m’adresser à tous les publics, malgré l’estampille « jeunesse ». Les différents niveaux de lecture sont donc volontaires et indissociables de mon travail de création.

La spécificité de ce format, qui mixte les codes de l’album et BD, vous amène-t-elle à travailler un peu différemment ?

Loïc : Oui, dans le sens où pour les albums illustrés classiques, nous avons habituellement le souci du rapport texte image, de sorte à induire une complémentarité ou une dissonance entre les deux éléments ; or, dans le format de Baumerire ou des Contes du Manoir Frayeur, nous ajoutons une dimension avec un rapport texte - texte. C’est-à-dire, que les bulles des personnages doivent également apporter quelque chose au texte du narrateur. C’est très riche et intéressant.

Anne : Oui, et par ailleurs, ce format permet d’alterner les petites cases avec les grandes pleines pages illustrées. Un vrai bonheur pour moi.

Loïc, que ce soit pour les Contes de Manoir ou cette nouvelle série, tu écris tout d’une traite texte et bulles ensemble, ou les bulles viennent par la suite pour compléter ?

J’écris le texte, les bulles et le descriptif des dessins ainsi que le découpage (combien de cases, quelle page etc.) en même temps. Ma méthodologie ? Je ferme les yeux ; je visualise les images avec l’angle de vue puis je mets mon cerveau en pause et j’ouvre les yeux pour écrire ce que j’ai vu et entendu dans ma tête. Je suis même payé pour ça ! C’est fou.