Interview de Maskey

Bienvenue dans le monde hyperconnecté de Follow me, imaginé par Maskey, le Youtuber aux 1,3 million d'abonnés, et dessiné par Malec, le génie de l'animation derrière les concepts « Rapfighters » et « Et si... était un anime ». Préparez-vous à une avalanche de punchlines assassines et de situations moralement discutables, un peu comme si Audiard avait rencontré South Park et Les Griffin !

Peux-tu nous parler de ton parcours et de ton activité de Youtuber ? Comment as-tu construit le personnage de Maskey ?

J’ai commencé à faire des vidéos sur Fifa à la base. J’étais axé gaming, mais ça ne m’a pas plu. J’ai fait 10 vidéos et j’ai décidé de passer sur un sujet qui m’attirait plus. C’est comme cela que m’est venue l’idée de la recette et comme je suis compositeur à côté, j’ai pu allier ce concept à ma passion. Concernant mon personnage, au début je voulais m’appeler « Maské » mais ce nom était pris donc j’ai opté pour « Maskey ». Le masque c’est parce que je suis une personne très timide et que je n’aime pas trop me montrer ou être reconnu dans la rue. L’anonymat c’est le meilleur moyen de livrer mon contenu sans impact sur ma vie personnelle.

Quelles sont les thématiques que tu abordes sur ta chaîne ?

Ma chaîne parle de rap, de culture urbaine et j’essaie de me diversifier avec des contenus comme « rétroland » dans lesquels je parle des années 1990 et de ma jeunesse. Le hip hop a une place centrale dans ta culture.

Comment introduire cette dimension musicale dans la bande dessinée, un médium par définition muet ?

La culture urbaine est très importante pour moi et j’ai voulu illustrer cela à travers le personnage de Mike. J’ai vraiment voulu montrer le côté « mec qui galère » plutôt que le rappeur déjà installé, bling bling et riche, car je trouve que l’on caricature trop ce genre de rappeurs. Je voulais plutôt montrer un mec tellement passionné par le rap qu’il finit par devenir un micro vivant, je trouvais ça vraiment plus drôle que le cliché du rappeur qui a déjà percé.

Qui sont pour toi les 3 rappeurs incontournables du moment ?

En ce moment j’écoute Asap Ferg, Kekra et Lala &ce.

Dans quelle mesure Follow me s’inscrit-il dans la continuité de ce que tu pratiques sur ta chaîne ?

À part quelques clins d’oeil, Follow me est très différent de ce que j’ai l’habitude de proposer. Je ne voulais pas tomber dans le piège de la personne influente sur internet qui se
considère assez légitime pour faire une autobiographie romancée. Je ne me trouve pas assez intéressant pour faire quelque chose dans ce style-là. Pour rappeler ma chaîne j’ai juste gardé les couleurs et les thématiques « reptiliens/illuminatis » que j’ai adaptés à la BD. Mais sinon, le sujet est différent de ceux que j’aborde sur Youtube.

Tu as toujours été passionné par la bande dessinée. Peux-tu nous parler des titres qui ont marqué ton enfance ?

Quand j’étais petit je lisais beaucoup de manga. En bande dessinée j’étais fan de tout ce que l’on pouvait trouver sur Picsou magazine. Géo Trouvetou c’était mon gars sûr. À part ça le tome 10 de Titeuf, « Nadia se marie » est vraiment mon tome référence en bande dessinée et ça a forgé mon humour. J’aimais bien Rahan aussi.

Follow me est d’abord un divertissement mais il s’agit également d’un album qui dénonce les dérives des réseaux sociaux. Pourquoi avoir choisi d’aborder ce sujet ? Est-ce un thème qui te tient à coeur pour une raison ?

Il faut savoir que je déteste faire la morale ou passer pour quelqu’un de subversif pour me donner un rôle de lanceur d’alerte. Je considère les réseaux sociaux comme quelque chose de positif mais malheureusement il y a beaucoup de dérives, notamment une course à l’attention qui est vraiment insupportable. Tout le monde veut être connu, tout le monde pense pouvoir être connu et les gens ne voient que les côtés positifs du métier d’influenceur. Ils ne voient pas que cela peut être dangereux, notamment pour la santé mentale d’une personne qui est connue uniquement car elle fait des choses sur internet.
Je trouve également dommage que les réseaux sociaux aient donné naissance à énormément de mépris. Il y existe une sorte de hiérarchie : les « aristocrates » avec beaucoup de followers et le « bas peuple ». J’avais vraiment envie de montrer que la vraie vie ce n’est pas ça, et que l’on ne paye pas nos courses avec nos followers.

Te reconnais-tu dans un de tes personnages ? 

Je me reconnais dans chacun des personnages. Je peux être mégalo comme Steve mais je suis prudent dans mes décisions comme Allan. Plusieurs facettes de ma personnalité ont été réparties dans chacun des personnages. J’ai préféré faire comme cela plutôt que de faire un personnage exactement comme moi.

À l’instar du personnage de Steve, jusqu’où es-tu prêt à aller pour augmenter ton nombre d’abonnés ?

Je suis prêt à faire des vidéos plus souvent.