Le Couvent Sainte-Cécile
A la recherche d’un site où regrouper les activités grenobloises de sa maison d’édition, Jacques Glénat a un coup de foudre visionnaire. Bien qu’impressionné par l’état d’abandon dans lequel il découvre les lieux lorsqu’il effectue sa première visite – qui plus est sous un ciel sombre d’hiver -, il sait que le couvent Sainte-Cécile est le cadre qu’il recherche. Dauphinois d’origine et de cœur, l’éditeur a mis un point d’honneur à conserver à Grenoble le siège social de l’entreprise qu’il a créée en 1969, et qui est devenu un groupe international. Un siège social à Grenoble, certes, mais pas n’importe où : amateur de patrimoine, collectionneur d’art, Jacques Glénat est en quête dans le centre historique de la ville, d’un site qui ne soit pas anonyme.
Le site est acquis en 2004 avec la volonté de le restaurer au plus proche de son caractère d’origine et d’effacer trois siècles de transformations et parfois même de mauvais traitements. La maîtrise d’œuvre est confiée à une équipe d’architectes réputés et expérimentés : Jacques Scrittori et Patrick Charra, qui ont en particulier réalisé à Grenoble la rénovation du musée de l’ancien Evêché, du lycée Stendhal ou encore la maison de Sassenage (ancien château des Blondes). Les premiers salariés emménagent au couvent en mai 2008. Le site est ouvert pour la première fois au public pour les Journées du Patrimoine en septembre 2009. Les travaux s’achèvent complètement en décembre 2009.
Le chœur de la chapelle du couvent Sainte-Cécile conserve les échos des grandes étapes de l’histoire de Grenoble depuis le XVIIe siècle. La cloche qui a rythmé les pieuses heures des Bernardines, s’est tue à la révolution. Ainsi n’a-t-elle pas sonné lorsque l’armée a pris possession du couvent, au moment où Grenoble est devenue ville de garnison, et elle n’a pas retenti davantage au cours du XXe siècle tout occupé à la guerre, puis à l’expansion urbaine et au développement démographique du temps de paix. Il aura fallu attendre 2009 pour qu’une nouvelle page d’histoire s’écrive au présent, et pour que la cloche du couvent Sainte-Cécile sonne à nouveau.
Le couvent Sainte-Cécile et la chapelle attenante ont été construits au XVIIème siècle, pour abriter les religieuses des Bernardines de Grenoble. Le monastère est officiellement fondé le 22 novembre 1624, jour de la Sainte-Cécile, qui donne ainsi son nom au couvent. Le couvent comprend une grande chapelle, dans laquelle s’ouvre le chœur grillagé des religieuses, une quarantaine de cellules donnant sur le cloître ou les jardins, réfectoire, cuisine, buanderie, parloirs et chambres… ainsi qu’un immeuble attenant où loge l’aumônier et où s’installent quelques artisans. Le 1er octobre 1789, un décret suspend les vœux monastiques qui sont abolis le 13 février 1790. Dès 1791, le Directoire fait poser des scellés sur la chapelle. Les religieuses sont expulsées et le bâtiment réquisitionné par l’Armée. Celle-ci l’occupera sous diverses formes jusqu’au début du XXIe siècle.
Le XXe siècle voit s’amorcer un nouveau tournant : la chapelle devient en 1925 une salle de cinéma. C’est à cette époque que l’étage du parvis de la chapelle a été transformé en cabine de projection, détruisant au passage le fronton de la porte d’entrée et masquant le grand oculus. Après la seconde guerre mondiale, un bar dancing nommé L’Enfer est ouvert dans le cœur des nonnes, un usage profane de ces pierres où furent prononcées tant de messes et entendues tant de prières… En 1974, la chapelle est transformée en théâtre, peinte en noir ou décorée de compositions propres au spectacle donné. Le théâtre du Rio, dirigé par Georges Lavaudant puis par Yvon Chaix, ferme ses portes en 1999.
Avec la restitution de la chapelle dans son volume initial, la création de vitraux par l’auteur de bande dessinée et designer Joost Swarte, l’installation d’une grande bibliothèque contenant plus de 30 000 références issues du catalogue des éditions Glénat depuis 50 ans mais aussi des collections privées de Jacques Glénat, le restauration du cloître, la réfection de l’escalier monumental et des façades au plus près de leur architecture d’origine, le couvent Sainte-Cécile est redevenu une richesse du patrimoine dauphinois.
Un site remarquable, désormais accessible aux visiteurs, animé par le Fonds Glénat pour le patrimoine et la création.