Pourquoi avez-vous décifé de raconter la vie du Caravage ?
Les raisons sont nombreuses, certaines sont partagées par tous les passionnés d'Art, d'autres sont plus personnelles. Tout d'abord, la vie aventureuse du Caravage se prête beaucoup à une histoire en bande dessinée, ce qui se voit encore plus dans ce second volume. Son caractère impétueux, rebelle qui l'a souvent conduit à la prison, son aversion à l'autorité, la censure dont il a été victime, son audace transgressive dans la représentation de certains nus, le fait qu'il soit constamment du côté du peuple, des humbles, des scélérats, des spadassins, même s'il était courtisé par les plus éminents cardinaux... tous ces éléments font de lui un personnage véritablement passionnant et romanesque.
En outre, il y a l'oeuvre gigantesque de l'artiste, son énorme influence sur l'histoire de la peinture, son incroyable modernité, quasi cinématographique. Après lui, la peinture n'a jamais été la même. Ses clairs-obscurs sont violents, ses plans, ses expressions faciales sont très modernes. Et puis il y a la beauté de ses femmes : je pense surtout à celles dont on ne voit pas directement le visage, mais dont on devine toute la beauté et la féminité. Par exemple la fille à la tête baissée dans la Déposition du Christ au Sépulcre avec son front appuyé sur sa main et ses cheveux tressés sur la nuque. C'est probablement l'une des plus belles figures féminines de toute l'histoire de l'Art.
Vous parliez d'autres raisons, plus personnelles ?
En effet, la plus bête : j'ai les mêmes initiales que Michelangelo Merisi ! Il y a également une image qui m'a impressionné quand j'étais petit et que je devais étudier au catéchisme : la Crucifixion de Saint Pietro. Une image qui ne m'a jamais abandonné.
Enfant, je suis également allé un jour au village du Caravage où je me suis blessé la jamabe avec une pierre. Une blessure si profonde que je garde encore la cicatrice. Mais il y a surtout le fait qu'à l'examen d'histoire de l'Art, mon professeur m'a demandé de décrire l'image de la Canestra di frutta [Le panier de fruits] qui était en couverture du manuel. J'ai eu mon examen avec la note de 9/10 ! Depuis, j'ai toujours considéré Michelangelo Merisi comme mon Saint Protecteur.