Interview d'Alexis Nesme
Dans Horrifikland, Lewis Trondheim plonge Mickey et ses amis dans un scénario riche en rebondissements qui n'est pas sans rappeler les meilleurs épisodes de Scooby Doo ! Rejoignant le prestigieux casting des dessinateurs de créations originales DIsney, Alexis Nesme nous propose, après Les Enfants du capitaine Grant, un somptueux univers gothique et baroque entièrement réalisé en couleurs directes.
Qu'est-ce que Mickey représente pour toi ?
Comme tout le monde, mon enfance a été bercée par les dessins animés et un peu de comics, mais c'est surtout avec la naissance de mes filles que je me suis replongé dans mon "âge d'or" de l'animation : les années 1930-1940, avec l'arrivée de la couleur, les fonds peints, gouachés...je suis un grand fan de toute cette période. C'est de cet univers que nous sommes partis avec Lewis. Côté animation, j'ai donc focalisé ma documentation sur les tout débuts de Mickey, où il est avec Dingo et Donald. Pour les comics, je me suis surtout inspiré de Floyd Gottfredson [ndlr : 1905-1986. Avec Carl Barks, l'un des auteurs les plus célèbres de chez Disney]. J'ai essayé de retrouver ce premier Mickey en noir et blanc assez graphique.
Comment s'est déroulée ta collaboration avec Lewis Trondheim sur cet album ?
C'est la première fois que je travaille avec Lewis. Je connaissais son travail depuis que j'étais étudiant, ses bouquins à l'Association me faisaient marrer et il m'avait proposé des projets auparavant, mais je ne suis pas un rapide et je n'avais jamais trouvé l'occasion de collaborer avec lui. Jusqu'à ce qu'il me propose le thème d'Horrifikland qui m'a plu tout de suite et qui est tombé à un moment où j'avais du temps. Lewis fournit des story-boards grossièrement dessinés mais très clairs, précis et efficaces, et il me laisse toute latitude sur le cadrage et la mise en scène, ce qui est un vrai plaisir. J'avais envie de faire des grandes cases, des petites cades et Lewis a fait exprès de mettre des décors marrants dans l'histoire qu'il a écrite pour que je m'amuse en tant que dessinateur. On a beaucoup échangé au début du projet puis ça a filé droit une fois que c'est parti.
Comment travailles-tu ? Avec quelles techniques, quelles sont tes inspirations ?
Je travaille en couleurs directes, ce qui m'intéresse le plus c'est de jouer avec la couleur et la lumière. J'aime les ambiances chaudes, les contrastes forts. Je mets en général une semaine pour faire une planche. Dans l'univers Disney, mon inspiration vient surtout des fonds gouachés qu'on trouve dans Blanche Neige ou Pinocchio, des recherches d'ambiance et de couleurs des peintres qui travaillaient en amont sur ces dessins animés, ce qui se perd dans l'animation d'aujourd'hui. Je suis un grand fan du travail de Gustaf Tenggren qui a travaillé sur le film de Pinocchio (1940). Lorsque je suis allé voir l'exposition sur Disney qui avait lieu au Grand Palais [ndlr : "Il était une fois Walt Disney, Aux sources de l'art des studios Disney" Grand Palais, Galeries nationales - 16 septembre 2006 - 15 janvier 2007], j'ai constaté que j'avais les mêmes sources d'inspiration que lui !
Angoulême pour toi, ça signifie quoi ?
Des expos très chouettes à voir et faire la bringue !