Interview de Tomato Soup | Jaadugar – La légende de Fatima

À l'occasion de la sortie du premier volume de Jaadugar – La légende de Fatima le 18 septembre prochain, nous avons interviewé son autrice, Tomato Soup, pour en apprendre un peu plus sur cette captivante série retraçant l'alliance entre deux femmes qui ont bouleversé l'Empire mongol du XIII^e siècle !

L'INTERVIEW DE TOMATO SOUP

> Jaadugar – La légende de Fatima nous plonge dans l'histoire mongole du XIII^e siècle, relativement méconnue en Occident. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'aborder cette période historique ?
Tomato Soup : Tout commence par un voyage que j'ai effectué avec mes parents lorsque j'étais enfant. Nous sommes partis en Mongolie où j'ai eu l'occasion de découvrir une culture très différente de la mienne. J'ai ensuite fait quelques petites recherches personnelles sur l'histoire de ce pays. J'ai découvert qu’il s’agissait d’un peuple de nomades qui vivaient, à l'époque, d’une façon très différente des cultures sédentaires. Et ça m'a beaucoup intéressée ! Il se trouve que j'ai toujours aimé raconter des histoires en manga qui me plaisent d’abord à moi.

Lorsque les éditions Akita Shoten (ndlr : éditeur de Jaadugar – La légende de Fatima au Japon) m’ont demandé de réfléchir à une série au long cours à destination d’un public féminin, j'y ai vu l'occasion de mettre à profit mes recherches et de présenter l'histoire du Grand État mongol. J’avais espoir de toucher le bon public.

TS : En réfléchissant avec mon éditeur sur l’orientation du récit, j’ai d’abord voulu prendre Töregene pour personnage principal. Mais nous avons réalisé que c'était une femme qui avait peu d'interactions avec son entourage, ce qui ne me permettait pas de développer une histoire suffisamment passionnante. Il nous a semblé plus pertinent de nous tourner vers Fatima, une femme dont on pense qu'elle était à ses côtés, et qui permettait d’aborder différents aspects de cette période historique. À travers elle, on peut voyager, rencontrer différentes personnes et découvrir ce qu'était l'islam ou l’Empire mongol de l’époque.

>> Et justement, en parlant de Fatima, comment avez-vous découvert son existence ?
TS : Au Japon, on a beaucoup de documentation sur l’histoire de la Mongolie. Je me suis d’abord intéressée au personnage de Töregene, mais au fil de mes lectures, je me suis rendu compte qu’à plusieurs occasions, on évoquait cette Fatima qui aurait été proche d'elle, une femme à qui elle accordait une oreille attentive malgré sa condition. Je trouvais fascinant qu'une femme de basse extraction ait pu avoir une importance majeure au sein de l’Empire mongol. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant de comprendre comment elle en était arrivée là, et quelles étaient ses interactions avec les gens à l'époque. C'est en imaginant comment répondre à ces questions qu'est né ce récit.

>>> On parle d'imaginaire, mais il y a aussi effectivement une part factuelle. À quel point vous êtes vous documentée pour écrire ce manga ?
TS : Tout ce qui relève de la vérité historique, factuelle est autant que possible fidèle à la réalité. J'essaie de faire en sorte qu'il n’y ait pas de paradoxes, d'incohérences par rapport à la réalité historique. Pour ce qui relève des émotions, des choix d’action des personnages, de leurs objectifs, nous sommes dans le domaine de la création et je remplis les vides grâce à mon imagination.

>>>> Parlons maintenant du dessin. C'est un trait très expressif, avec des formes très arrondies et un côté presque enfantin, ce qui crée pour le coup un contraste entre la violence du récit qui est assez importante. Pourquoi avez-vous opté pour ce style graphique ?
TS : J'ai choisi ce style pour deux raisons distinctes. D’abord, parce que pour exprimer des choses qui sont particulièrement cruelles ou violentes, la simplicité du trait permet d’atténuer le choc que peut ressentir le lecteur. Mais aussi parce que ce graphisme assez simple a la particularité d'amplifier les émotions, la tristesse ou l'irrationalité qu'on peut ressentir face à la violence.

>>>>> Jaadugar – La légende de Fatima a été élu manga féminin numéro un pour le prix Kono manga ga sugoi en 2023. Félicitations ! Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
TS : J’étais évidemment très heureuse lorsqu'on m'a appris que j'étais première dans ce classement. J'ai créé cette série parce que ça m'intéressait de parler de cette époque, de l'islam, des thèmes historiques. Savoir que je vais pouvoir toucher un plus large public, c'est quelque chose qui me fait très plaisir et m'encourage beaucoup dans mon travail !

>>>>>> Auriez-vous un message pour les lecteurs français ? 
TS : Tout d'abord, je suis très heureuse de savoir que ce manga, que j'ai à l'origine destiné à un public japonais, puisse aujourd'hui être lu par des lecteurs qui sont à l'autre au bout du monde. Je n'aurais jamais imaginé qu’il soit diffusé aussi loin, au sein d’une toute autre culture. Si le manga peut voyager de cette manière-là aujourd'hui, c'est grâce à beaucoup de personnes qui se sont impliquées dans sa réalisation et ont participé à son succès aussi bien au Japon qu’à l’étranger. Je les en remercie !

J’espère que les lecteurs seront tous aussi passionnés que moi par les thèmes développés dans ce manga. Merci à tous !

Merci à Tomato Soup d'avoir répondu à toutes nos questions !
Rendez-vous le 18 septembre pour la sortie du tome 1 de Jaadugar – La légende de Fatima en librairie !

JAADUGAR – LA LÉGENDE DE FATIMA - L'HISTOIRE

Empire mongol, XIIIe siècle. La jeune esclave Sitara découvre ce qui sera sa seule et unique arme pour survivre : le savoir. Dans ce monde ravagé par les conquêtes et la guerre, parviendra-t-elle à trouver sa place ? Pourra-t-elle seulement exercer ses talents ? Librement inspiré de la vie d’une figure influente de l’époque, Jaadugar – La légende de Fatima vous emporte dans les tourments de l’Histoire. Découvrez le récit passionnant de la femme qui s’est joué d’un continent tout entier, bouleversant jusqu’aux fondements mêmes de l’empire le plus puissant de l’époque !

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