Nadia Comaneci
Sous l’emprise du régime communiste : retour sur le destin d’une gymnaste de légende.
Jeux Olympiques de Montréal, 1976. Représentant la République socialiste de Roumanie, une adolescente de 14 ans s’avance vers les barres asymétriques. Vêtue d’un justaucorps blanc, elle porte haut les couleurs du pays communiste qu’elle ne réussira à quitter qu’en 1989. Mais pour le moment, Nadia Comaneci s’apprête à entrer dans l’Histoire de la gymnastique en obtenant la note parfaite de 10.00, jamais attribuée jusqu’ici à une athlète aux JO. Devant un public médusé, la fillette exulte malgré un silence opaque autour de ses conditions d’entraînement et des interviews édulcorées données aux journalistes occidentaux sur place. Son entraîneur, Béla Károlyi, jubile. Il rapporte au pays une fierté nationale. Nadia sera reçue par le chef d’État Nicolae Ceausescu, qui lui remettra la médaille du « héros du travail socialiste ». Elle incarne désormais l’image de propagande que désire véhiculer le dictateur. La jeune fille devient une poupée adulée et instrumentalisée. Pour Nadia, cette consécration est synonyme de contrôle et d’une discipline qui va se durcir. L’enfant prodige, surveillée par les autorités et mise sous pression par son entraîneur, s’essouffle. Maltraitée comme les autres gymnastes, elle continue pourtant de rapporter des titres à la Roumanie ! Piégée, elle va se plier aux exigences du régime pour éviter le pire. Mais sa santé psychique se dégrade au fil des années. Si « obéir sans poser de question comme un soldat » était jusqu’ici la règle absolue, Nadia étouffe. Comment déjouer la vigilance de la police ? En passant à l’Ouest pourra-t-elle commencer à vivre ?
Marjolaine Solaro, autrice de déjà trois romans, nous plonge au cœur de la fabrique des championnes à travers le biopic d’une athlète mythique qui a transformé la gymnastique. Des années 1960 jusqu’à sa fuite médiatisée aux États-Unis, le parcours de Nadia Comaneci illustre la grande Histoire du XXe siècle et ravive la question des dérives dans le sport. Le trait tout en finesse et fluidité de Clem épouse les mouvements de la gymnaste – victime du régime et de la course à la perfection – qui virevolta devant les yeux du monde entier. Entre détermination, peurs et sacrifices, c’est le récit d’une vie sous surveillance.
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